Utiliser un conte pour faire passer des vérités qui ne sauraient être entendues autrement se fait depuis aussi loin que l’on puisse remonter dans l’histoire des hommes. On oublie à quel point la transmission par l’oral sous la forme d’une histoire, d’un conte, d’un poème est déterminante pour transmettre des émotions, une appartenance, une réalité qui outrepasse notre quotidien, une réalité qui nous ouvre à d’autres réalités passées, présentes ou futures. L’esprit humain a la capacité extraordinaire de s’ouvrir à d’autres possibilités que celles qu’il croit connaître. Par son imagination, cette folle du logis qui dérangeait tellement Descartes, l’être humain a réussi à faire prendre corps dans la matérialité du monde à des éléments intangibles qui par leur essence même échappent à nos sens tout en étant suffisamment proche de notre monde limité pour que nous prenions conscience de leur existence. Vous remarquerez que toutes les formes d’art peuvent réussir ce tour de force.
Parfois il ne s’agit que d’exorciser nos craintes mais la plupart du temps nous cherchons à traduire dans un univers limité des fulgurances qui ouvrent sur des dimensions sans limites. Pour prendre une image actuelle, l’être humain est une sorte d’interface entre des mondes, des dimensions et des univers, il est le carrefour, le point d’origine et le point d’arrivé, or il semble que la représentation d’un point dans l’espace est en elle même une ouverture sur l’infini.